« When I see a foal, I don’t see a lion. »
#2016-02-26: FOALS (+HER) @Amphithéatre3000 (LYON)
Quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre que la sensation pop-rock anglaise du moment (et le deuxième quintette d’Oxford le plus connu de la planète !) faisait escale cette année dans notre belle cité lyonnaise mais à… l’Amphithéatre3000 ! Ce (très !) beau bâtiment moderne a plutôt comme habitude de recevoir des stars de variétés ou des concerts de musique classique et même si l’acoustique de la demeure a une excellente réputation, on aurait préféré se retrouver dans la fournaise du mythique Transbordeur plutôt que dans cette espèce d’ « enfant de star » entre un centre des congrès pour conférence informatique et le parlement de l’ex URSS… ne serait-ce que pour boire un coup au chaud en attendant la première partie ! Parlons-en justement de ces régionaux de l’étape de Her (oui c’est un nom de merde : essayez donc de trouver des infos sur eux sur le net !) qui ont plus que fait leur boulot en réchauffant l’atmosphère glaciale des lieux avec leur pop-soul classieuse et décalée: mention spéciale au bassiste sautillant, au duo de chanteurs impeccable de sobriété et à la montée démoniaque de leur « Five Minutes ». Très prometteur…
Une (trop) longue attente plus tard et c’est le jeune « batteur surfeur branleur » de Foals qui vient seul sur scène démarrer la rythmique saccadée de « Snake Oil » et lancer les hostilités : premier constat glaçant, le son n’est pas du tout à la hauteur des espérances ! Si la puissance sonore est plus que présente, on se demande bien à quoi ont servies les longues minutes de réglages pour arriver à un tel déséquilibre entre les différents protagonistes. Plus que dommage, car le début de la set-list est très tonique et aurait dû mettre tout le monde d’accord entre le groovy « Olympic Airways » (l’un des 4 extraits joués ce soir de leur premier album de 2008 « Antidodes ») et le génial « My Number » qui aura permis aux anglais de se révéler à un plus large public il y a trois ans. Heureusement pour l’ensemble du public, la balance sonore s’améliorera petit à petit pour permettre à chaque musicien de prendre sa place sur les nouveaux morceaux de leur dernier album « What Went Down » : les arpèges partagés entre les deux guitares sont enfin reconnaissables (« Birch Tree »), le clavier apporte enfin un plus en même temps que la voix du chanteur gagne en clarté (magnifique intro de « Give It All ») et les superbes jeux de lumières permettent enfin à l’une des meilleures chansons du groupe de faire décoller le concert (« Mountain At My Gates »).
Pourtant, même si l’amélioration est là, il manque un petit quelque chose pour que Foals sur scène emporte une totale adhésion… un mixage de batterie assez catastrophique (beaucoup trop d’aigus faisant sonner la batterie comme une vulgaire boite à rythme) a tendance à retenir au sol des montées instrumentales qui ne demandent qu’à décoller (« Balloons » ou le pourtant parfait sur disque « Providence »). Le chanteur, véritable moteur scénique de Foals, ne s’épargne pourtant pas (stage-diving sur la fin de « Providence ») mais les 5+1 musiciens agissent d’une façon un peu trop mécanique pour emballer complètement une grande salle et rendre chaque concert unique : on se rend alors vraiment compte que les tubes saccadés du groupe (« Red Sock Pugie » ou « Spanish Sahara ») semblent vraiment plus taillés pour des petits clubs transpirants malgré leur statut européen grandissant de « groupe de stade » qui les verront cet été arpenter la scène du Musilac d’Aix-Les-Bains en tant que tête d’affiche. Au moment où la routine fait donc son apparition et où la déception (voire la désillusion !) vient pointer le bout de son oreille, les anglais ont la bonne idée de ralentir le tempo et de laisser enfin une plus grande place à l’émotion : l’enchainement de la longue montée en puissance de « Late Night » (et son solo épileptique parfait !) avec la clôture splendide de leur dernier album en date (« A Knife In The Ocean ») permet à Foals de retrouver des couleurs car on discerne enfin ce qui leur aura manqué tout au long de leur show : une réelle implication émotionnelle dans l’instant plutôt qu’une performance technique en pilotage automatique derrière leur impressionnantes lumières. Quand le chanteur invective alors son assemblée pour nous demander si on est « fuckin’ ready » pour la dernière, la réponse est alors immédiatement plus que positive, surtout quand le rouleau compresseur « Inhaler » vient enfin me contredire et nous démontrer que Foals a les épaules pour devenir un indiscutable mastodonte de la scène rock mondiale… OK si vous gérez votre son correctement et vous impliquez sur chaque morceau à 100% les gars !
Le début du rappel gagnera à nouveau l’affaire par la surprise d’un « London Thunder » intimiste, court et touchant, petite surprise d’une set-list classique et malheureusement habituelle depuis le début de leur tournée (mais nom d’une pipe en foutre, où sont passé les groupes de rock qui modifiaient leur set-list de soir en soir ??). Il ne restera plus alors aux Foals qu’à écourter les débats par l’enchainement de leur tonitruant single « What Went Down » et de la vieille mais toujours aussi « math-folle » « Two Steps, Twice » pour conclure une petite heure et demie de show mi fougue-mi raison. Si leur indomptable chanteur a su porter le groupe sur ses épaules bourrues, il aura quand même manqué à Foals ce soir une certaine folie jouissive et un petit sentiment d’urgence communicative qui fait la marque des grands noms du rock. La faute peut-être également à un lieu un peu trop « guindé » certes mais surtout à un son beaucoup trop froid et mécanique et à une prestation trop propre et pas assez « dangereuse » : la pertinence musicale de ces « poulains » anglais est indéniablement présente mais il leur reste maintenant à retrouver en implication émotionnelle ce qu’ils ont gagnés en technique scénique pour prétendre trôner un jour au sommet de notre jungle rock n’ roll mondiale.
See you next time pour la confirmation !
SET-LIST :
1. Snake Oil
2. Olympic Airways
3. My Number
4. Birch Tree
5. Give It All
6. Mountain at My Gates
7. Balloons
8. Providence
9. Spanish Sahara
10. Red Socks Puggie
11. Late Night
12. A Knife In the Ocean
13. Inhaler
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14. London Thunder
15. What Went Down
16. Two Steps, Twice