FestiReview #01: GHOST

« If you have ghosts, then you have everything. »

#2016-02-08: GHOST (+DEAD SOUL)  @La Belle Électrique (GRENOBLE)

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L’une des toutes meilleures salles de concert de la région Rhône-Alpes continue sa belle progression électrique et nous a fait l’immense honneur d’accueillir en tête d’affiche LE groupe rock/métal révélation de l’année 2015, en l’occurrence les intrigants suédois de Ghost. L’évènement aura su rameuter les troupes puisque La Belle Électrique affichait complet pour l’occasion dont une partie de l’équipe du FestiRock qui ne pouvait rater l’occasion, après avoir découvert (un peu tard… merci Olivier !) leur merveilleux troisième album « Meliora ».

On passera relativement vite sur la première partie (leurs compatriotes de Dead Soul) qui peinera à transcender son blues-rock bien trop classique, la faute en grande partie à une formule en trio « basse-guitare-chant » avec (blasphème !) batterie préenregistrée… pas le meilleur moyen pour passionner les fans… surtout à l’heure de l’apéro biblique.

Un très rapide changement de plateau plus tard et l’ambiance devint toute autre : immense vitrail en fond de scène, estrade grandiose sur laquelle trônent batterie et clavier et le « Miserere » d’Allegri en fond sonore (oui, oui au FestiRock nous maitrisons également les mises en musique de psaumes bibliques a capella de 1639… appelons-ça de la diversité musicale… ou de la maitrise wikipedique comme vous voulez). Car il est temps de rappeler ici que Ghost n’est pas un groupe comme les autres : décorum ecclésiastique, textes satanistes (mais pas sataniques!), musiciens masqués et anonymes (surnommés les « Goules ») guidés par un leader sobrement prénommé « Papa Emeritus III », il faut avouer que l’ensemble des clichés réunis peut prêter à confusion. Mais la diversité du public présent ainsi que le mélange des genres si réussi de leur dernier album nous incitaient quand même à croire que ce groupe avait quelque chose de plus… nous étions loin d’imaginer qu’ils allaient nous proposer une surprise en ce point parfaite.

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Dès leur arrivée sur le « Masked Ball » cher à Stanley Kubrick (Eyes Wide Shut), on sent bien que le premier degré ne sera pas vraiment de mise et que l’univers visuel mis en place par Ghost est bel et bien présent pour nous emmener ailleurs: le début du show sera tonitruant avec l’enchainement des deux chansons d’ouvertures de leur dernier disque dont l’incroyable « From The Pinnacle To The Pit ». Dire que le groupe est en place sonnerait hérétique tellement les 5 musiciens maitrisent leur sujet à la perfection : beaucoup de mouvements et de poses chorégraphiées qui contrebalancent avec l’attitude prêcheuse du chanteur pour établir une succession de tableaux visuellement impressionnants. Les quelques plus anciens morceaux (un cran en-dessous des nouveaux) joués par la suite seront l’occasion de pénétrer plus profondément (blasphème II !) dans le monde de Ghost et nous permettront au final de toucher du doigt (bl…OK stop) la dimension poétique et joviale de leur univers : chaque cliché de forme précédemment rencontré s’avèrera une occasion de prendre du recul et de dédramatiser le fond ; le procédé est très ingénieux et fonctionne parfaitement que ce soit lors de la présentation de deux religieuses chargée de la distribution des offrandes ou l’arrivée de chandeliers ou d’un encensoir sur scène, beau moyen trouvé par « Papa Emeritus III » pour braver les interdictions et ramener un peu de fumée dans les salles de concerts, comme à la bonne époque ! Les très nombreuses prises de paroles du prêcheur seront de plus en plus décalées (« Nous avons commencé très fort, il est temps maintenant de ralentir le tempo car nous ne sommes plus tout jeunes ! ») et culmineront sur la reprise acoustique (si, si !) « If You Have Ghosts » pendant laquelle il nous présentera un par un les différents « Goules » musiciens tout en détaillant leur fonction dans le groupe (Eau, Terre, Air, Alpha, Omega).

Plait-il ? Et la musique dans tout ça ? Indécente question : elle s’avère aussi puissante qu’espérée… mais beaucoup plus variée que prévue : si le retour des tubes récents (dont enchaînement tonitruant « Absolution »/« Mummy Dust » ainsi que l’immense « Cirice » qui vient tout juste de décrocher le Grammy Award de la chanson métal de l’année au nez et au masque de Slipknot!) va redynamiser la deuxième partie du show c’est bien sur les passages plus calmes voire acoustiques que Ghost enfoncera le clou christique et raflera la mise en bière. À l’écoute du fédérateur « He Is » (quelle intro !)  le constat est très simple, on a franchement l’impression d’être passé d’une messe noire privée à un festival hippie rassembleur et fleur bleue… une ambiance communicative toute particulière flotte sur l’assemblée et les sourires croisés annoncent bien que cette soirée n’est qu’une étape vers la lente mais certaine progression des suédois vers un immense succès mondial bien mérité : ce n’est pas tous les jours qu’on est surpris de la sorte dans une salle de concert et il fallait bien un pape troisième du nom pour célébrer l’évènement !

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Le show se terminera sur trois anciens morceaux un léger cran en-dessous de l’excellence précédente mais qui nous permettront de cerner à quel point chaque musicien « Goule » possède son importance (mention spéciale au claviériste qui « lance » les chœurs indispensables en parallèle de sa partition). Comme d’habitude (et ce n’est pas un mince compliment), le son de La Belle Électrique fut parfait et si on pouvait être surpris d’entendre la voix du chanteur un peu avalée par certains instruments particulièrement mis en avant (guitares et clavier principalement), on comprend bien que c’est le groupe en lui-même qui ose faire ce pari pour mettre l’accent sur l’ambiance et l’atmosphère de chaque morceau. Après une dernière chanson en hommage à l’orgasme féminin (quelle belle soirée quand même…), les six membres de Ghost quitteront la scène et nous laisseront retourner à notre quotidien mais avec un sourire radieux aux lèvres, des paroles d’évangile plein la tête et une envie immense de célébrer… la vie.  Hallelujah!

A découvrir : Ghosts – Cirice
 

SET-LIST:

1. Spirit
2. From The Pinnacle To The Pit
3. Stand By Him
4. Con Clavi Con Dio
5. Per Aspera Ad Inferi
6. Body and Blood
7. Devil Church
8. Cirice
9. Year Zero
10. He Is
11. Absolution
12. Mummy Dust
13. If You Have Ghosts (Roky Erickson cover)
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14. Ghuleh / Zombie Queen
15. Ritual
16. Monstrance Clock

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